Ce que me disent mes peurs de maman

Je n’aime pas avoir peur. Je ne vois pas l’intérêt de chercher à se faire peur. Je fais partie de ces personnes qui, au collège, continuaient de proposer « Casper » ou « La famille Adams » pour la soirée d’Halloween là où les autres commençaient à parler de « l’exorciste » ou « The ring ».

Depuis que je suis maman, je suis amenée à gérer ce sentiment tout le temps. J’ai peur qu’il leur arrive un truc horrible et je me fais parfois des scénarios tellement affreux dans mon esprit que je suis obligée d’aller les voir dormir pour être sûre qu’ils respirent encore ou qu’on ne me les a pas volés.

De façon moins aberrante, j’ai peur qu’ils se fassent mal, qu’ils soient blessés, physiquement ou émotionnellement. Je me dis que je me battrais comme une lionne pour empêcher ça. Que je pourrais tuer la moindre personne qui oserait leur faire du mal.
Alors je les surveille, je ne supporte pas les perdre de vue, je n’ose pas les confier…

Puis je repense à Némo.
Pas au capitaine, mais au poisson.
Oui oui, le dessin animé qui raconte l’histoire du petit poisson clown qui se fait capturer par un pêcheur et de Marin, son papa, qui traverse l’océan pour le retrouver.
Marin aussi a peur qu’il arrive quelque chose à son Némo. J’étais encore ado quand j’ai vu ce film au cinéma, pourtant cet échange entre Dory et Marin m’a retourné le cerveau : 

Marin : (…) j’ai pas réussi à tenir mes promesses, j’avais juré qu’il ne lui arriverait jamais rien.

Dory : Ah oui ? Dis donc tu fais de drôles de promesses.

Marin : Pourquoi ?

Dory : Bah si tu fais en sorte qu’il ne lui arrive jamais rien, il risque de ne jamais rien lui arriver… Il va s’ennuyer le petit Harpo.

« Le Monde de Némo, » PIXAR, 2003
illustration de l'article "peurs de maman", avec un extrait du monde de Némo

Je n’étais pas encore maman à l’époque, mais ça fait partie des meilleures leçons de parentalité que j’ai eu jusqu’ici.

Mon rôle de maman c’est de préparer mes enfants à traverser l’océan à leur tour, à avoir confiance en eux, à savoir résoudre les problèmes rencontrés, à pouvoir mener à bien leurs projets. Donc malgré mes peurs de maman, je dois leur faire confiance, les laisser vivre et les laisser sortir de son (mon) anémone.

Alors, j’ai toujours peur, mais j’encourage, je prends sur moi, je transforme les prophéties comme « tu vas tomber » en « il y a des risques de chute » pour ne pas saper sa confiance tout en l’avertissant. Et voilà mon petit « grand » de 3 ans, qui grimpe sur les troncs d’arbres, les traverse en équilibre, saute du haut des murets, dévale les pentes plutôt que de prendre l’escalier… Tandis que j’envoie des prières silencieuses pour qu’il s’en sorte, encore une fois. Puis quand j’interviens car c’est trop dur à supporter pour moi, je dis bien que ce sont MES peurs. Du moins j’essaye… quand je suis en forme, bien lunée, tout ça tout ça.

Ce qui m’amène aux peurs liées à moi-même. Peur de ne pas être une assez bonne mère, de ne pas leur donner assez, de leur donner trop, de ne pas savoir me préserver et de me perdre dans ce rôle de mère courage. J’ai peur de les marquer avec mes moments difficiles, les fois où je craque, ou la colère éclate, ou les restes de violence imprimée en moi ressortent tels des réflexes bien ancrés. Plus récemment j’ai eu peur de ma propre mort qui aurait pu les laisser orphelins de mère…

Et au final, ce sont un peu les mêmes peurs, même si elles n’ont pas le même objet. Car quand je prends le temps d’écouter ces peurs de maman, elles me parlent surtout de l’amour immense que j’ai pour mes enfants. Elles me parlent de mes besoins de prendre soin d’eux, de les protéger et de les voir grandir sereinement.

Aussi, j’apprends à accepter mes peurs de maman. Par contre, et ça reste entre nous, je n’ai toujours pas accepté de voir l’exorciste ou The Ring.

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